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Atelier du Flobart
13 juin 2023

Flobart en bois pour La Route du Poisson

Flobart en bois pour La Route du Poisson

Inspirée de l’Histoire des mareyeurs et de la Côte d’Opale, la Route du poisson est une compétition équestre destinée à promouvoir les chevaux de trait. Cette Route «moderne» du poisson qui retrace l’épopée des Chasse-marée se divise en huit épreuves : l’épreuve du routier, qui consiste en une course-relais de 24 heures, et sept épreuves spéciales qui ont pour objectif d’ajouter des points et de valoriser les aptitudes des chevaux. Parmi elle, l'épreuve dite du Flobart, qui consiste à tirer le bateau de pêche traditionnel sur le sable, sur une distance de 120m. L’épreuve du flobart est aussi l’épreuve que tous les meneurs espèrent secrètement remporter... « Gagner le flobart » force le respect et l’admiration. Le flobart ayant servi lors des précédentes éditions de la Route du poisson n’étant plus en état, l’organisation a fait le choix d’en reconstruire un. 

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Le projet

La première étape a consisté à retracer un plan de forme et à chiffrer le projet. Une étape quelque peu fastidieuse, puisque très peu de plans de flobarts existent ; ces bateaux étaient en effet bien souvent construits sans, tant les charpentiers maîtrisaient leur savoir-faire ! Ils disposaient simplement sur la quille une série de gabarits qu’ils ajustaient plus ou moins en fonction de la demande du client, et bordaient ensuite le bateau. Les gabarits servaient donc uniquement de guide.

 

 

Le savoir-faire des charpentiers de marine a aujourd’hui en partie disparu faute de transmission aux générations suivantes... Quelques personnes ont toutefois cotoyé les anciens charpentiers, et ont ainsi pu leur tirer quelques secrets. C'est le cas de Pierre Lamarche avec qui je travaille en collaboration et qui me guide dans mon travail. Il a connu René Libert, le dernier constructeur de flobart à Boulogne.

Pierre a construit le Paulo, un flobart à voile de 3,80 mètres et la Mariannes Toute Seule, un cordier Berckois de 5,70 mètres (cousin du flobart). Il m'a formé à la construction à clin en suivant la construction de mon flobart et en transmettant son savoir. Nous cherchons aujourd'hui à comprendre comment les anciens construisaient ces bateaux, la commande de la Route du Poisson est une bonne opportunité !

 

Le flobart de la Route est calqués sur « Calypso », mon premier flobart construit entre 2013 et 2019, lui-même basé sur les formes de « L’Arche », un flobart à voile de 1951 construit par Pierre Libert, et qui est aujourd’hui le dernier flobart à voile pure.

 

Caractéristiques 

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Longueur de coque 4.00 m

Longueur hors tout 9,00 m

Longueur flottaison 3.60 m

Largeur 2,00 m

Tirant d'eau (dérive haute) 0.40 m

Tirant d'eau (dérive basse) 1.10 m

Gréement "Bourcet-Malet" (Lougre)

Surface de voilure 15 m²

Coque à clin en chêne et mélèze

 

 

 

 

 

 

La préparation du chantier

 

La mise en chantier était initialement prévue pour fin septembre 2020, mais les aléas liés au covid, au confi nement et au retard avec la Fondation du patrimoine ont repoussé le début du chantier à décembre 2020.

En attendant le lancement du chantier, je me suis lancé dans l’épure, le tracé du plan en taille réelle. Cette étape m'a permis de corriger le plan au 1/10 (sur le plan 1 mm = 1 cm). J'ai ainsi pu débiter les différents gabarits utiles à la construction ; en contre-plaqué de 5 mm pour la charpente axiale (étrave, quille, étambot et tableau arrière) et en sapin blanc pour les gabarits de coque.

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La commande des bois a été effectuée auprès de Thierry Juliot de l’entreprise « le bois Idéal », spécialiste en bois de marine. Deux beaux chênes du Massif Central et quatre beaux mélèzes d’altitude provenant de Haute Savoie ont ainsi été commandés. Les bois sont arrivés le 27 janvier 2021, marquant le point de départ du chantier .

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La construction du flobart

Les jours suivants l’arrivée du bois ont été consacrés à la taille de la quille, débitée à la tronçonneuse dans un plateau de chêne en 110 mm d’épaisseur. Elle a ensuite été dressée et rabotée à bonne dimension.

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L’étrave et l’étambot ont suivi le même procédé, débités dans du 65 mm d’épaisseur. L’assemblage étrave/quille et étambot/quille a été réalisé à mis bois, collé et riveté.

Le marsouin, pièce qui sert de renfort entre l’étrave et la quille a ensuite été boulonné. Au-dessus est venue se placer la contre étrave, qui sert à recevoir le bordage et assure la liaison coque/quille.

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Je me suis ensuite concentré sur la taille de la râblure ; il s’agit d’une entaille réalisée de chaque côté de la quille pour recevoir le premier bordé appelé Galbord, qui assure la liaison coque/quille. Le tableau arrière a été assemblé avec 4 planches de chêne de 30 mm d’épaisseur, découpées à la forme, avec un angle précis pour assurer le bon appuis du bordé. Cet angle varie sur tout le pourtour et est relevé sur l’épure, réalisé au rabot. Le tableau a ensuite été fixé sur l’étambot avec des tire-fonds.

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Début février, Loeiz, un ami et collègue de formation, est venu de Bretagne pour passer une semaine de vacances dans le nord et prêter main forte pour le calage de la quille, la mise en place des gabarits, le partage de bordé et la mise en place à l’étuve du galbord, le premier bordé. La quille a été placée sur un chantier mis de niveau par rapport au plan du bateau, ce qui a facilité la mise en place des gabarits de coque. Le partage des bordés est une étape importante ; elle permet de vérifier la cohérence entre les gabarits mais aussi de l’esthétisme final du bateau, puisque toute la beauté d’une coque à clin réside dans la régularité des bordés !

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Le bordage est l’étape la plus intéressante du métier car elle consiste à habiller la coque. Chaque bordé a une forme bien particulière et propre à lui-même ; cette forme est à chaque fois relevée au compas et reportée ensuite sur un plateau de bois brut qu’il faut ensuite tailler pour qu’il puisse prendre sa place exacte sur le bateau. Chaque bordé, ou clin pour ce type de construction, est passé à l’étuve pour assouplir le bois et faciliter sa mise en forme sur le chantier. La dernière étape est le rivetage qui permet de fixer les bordés entre eux. Chaque bordé se recouvre, ce qui donne une coque souple et robuste à la fois. Aucun calfatage ne sera mis entre les clins ; le gonflement du bois avec l’eau sera suffisant pour assurer l’étanchéité.

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Le bordage s’est terminé début mars avec la pose des fargues, les dernier bordés.

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Lorsque le bordage est terminé, les gabarits sont enlevés et le bateau est maintenu par des écarteurs pour éviter qu'il s'ouvre ou se ferme. Vient ensuite la membrure ployée, appelé aussi membrure bouillie en Bretagne, elle est constituée de latte de chêne déligné droit de file pour ne pas avoir de point de faiblesse, elles trouvent leur place entre les rivets de clins. Elles sont mise en forme dans le bateau après un passage à l'étuve, il faut faire vite car comme pour les bordés elles deviennent cassantes en refroidissant.

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L'agencement peut commencer, on procède à la mise en place des plats-bords, des serres de banc et des bancs ce qui permet de renforcer la coque.

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L’agencement du Flobart est très simple, un rouf occupe le quart avant, sur les voiliers il est en 2 parties. Il est ponté sur la partie tribord, dans la cloison verticale est aménagée une porte à glissière. Sur la partie bâbord il est ouvert, de simple tasseau cloué verticalement forme la cloison, cet espace sert de rangement pour la ligne de mouillage. Dans la partie centrale se trouvent la caisse de mât et les éléments de renforts. Après les années soixante le rouf est entièrement ponté. La partie centrale est occupée par le puits de dérive maintenue par les bancs de nage et le moteur placer en arrière. un plancher ajouré repose sur la varangue. Le banc de pompe équiper de 2 cloisons verticales, sépare l’espace centrale du tillac (ou pont de pêche) qui occupe l'espace arrière du bateau. on trouve enfin tout à l'arrière le banc de barre sous lequel est aménagé une amarette fermé par une porte coulissante, un crucifix est traditionnellement cloué sur l'étambot.

    

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Le flobart fini, lors de son baptême sur la plage de Boulogne sur Mer

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